L’importance de la photographie au cinéma

La photographie au cinéma est une composante essentielle de l’art de raconter des histoires. Elle peut aider à créer des images inoubliables, à évoquer des émotions profondes et à transmettre des messages puissants. Les réalisateurs et les directeurs de la photographie qui comprennent l’importance de la photographie au cinéma peuvent créer des films qui restent gravés dans l’esprit des spectateurs pour des années à venir.

Les exemples ne manquent pas. On pense naturellement en premier lieu à Stanley Kubrick, dont les films sont souvent cités comme étant des chefs-d’œuvre en matière de photographie.

Dans son film de science-fiction 2001, l’odyssée de l’espace, Kubrick a créé des images à couper le souffle en utilisant des techniques novatrices de prise de vue et de montage. Le plan final du film, mythique (que je ne spoilerai pas pour ceux qui ne l’ont pas encore vu) est un parfait exemple du talent de Kubrick dans l’utilisation de la photographie pour transmettre un message profond.

Un autre exemple est celui de Roger Deakins, célèbre directeur de la photographie, qui a travaillé sur de nombreux films à succès tels que Skyfall, Blade Runner 2049 ou très récemment Empire of light
Dans SkyfallDeakins a utilisé une variété de techniques pour créer des images saisissantes, notamment en utilisant des couleurs vibrantes et des angles de prise de vue uniques. Les scènes dans la maison abandonnée où Bond affronte son ennemi ont été particulièrement remarquables pour leur utilisation créative de la photographie. Inattendu quand on parle d’un James Bond, où le spectateur se concentre davantage sur l’action que sur l’esthétique globale de l’oeuvre. C’était sans compter sur le talent de Sam Mendes à la réalisation. 

La photographie renforce aussi l’aspect émotionnel, The Tree of Life  de Terrence Malick est l’exemple le plus approprié. Dans ce film, la photographie est utilisée pour créer une atmosphère contemplative et poétique, qui aide le spectateur à se connecter avec les personnages et leur histoire.

Voici 3 exemples de films avec une belle photographie, des films qui m’ont marqué : 

3. MELANCHOLIA
LARS VON TRIER

Un chef-d’œuvre cinématographique pour beaucoup (pour moi aussi). L’expérience visuelle de Melancholia aura marqué le cinéma en proposant une vision unique notamment grâce à la photographie. Une réussite due au travail de Lars Von Trier et de Manuel Alberto Claro, son directeur de la photographie.

Le film est divisé en deux parties distinctes, chacune ayant sa propre esthétique photographique. La première partie suit Justine (interprétée par Kirsten Dunst) lors de son mariage raté, et la seconde suit l’approche de la planète Melancholia qui menace de détruire la Terre. La première partie du film utilise une palette de couleurs froides et dénaturées, avec une lumière naturelle et diffuse qui crée une atmosphère de tristesse et de mélancolie. Cette esthétique visuelle renforce le thème de la dépression et de la perte de sens du personnage.

La seconde partie, en revanche, utilise une palette de couleurs plus vives et saturées, avec une lumière plus intense et contrastée. Les plans larges de la planète Melancholia qui s’approche sont magnifiquement réalisés, avec une utilisation intelligente de la mise au point et de la profondeur de champ pour créer une sensation d’immensité et d’oppression. Les plans rapprochés des personnages sont souvent flous et déséquilibrés, ce qui crée une tension et une sensation de désorientation.

Le procédé photographique utilisé dans Melancholia est également intéressant. Lars Von Trier a opté pour une technique de tournage en 35mm, qui permet un grain plus prononcé que les formats numériques, ce qui confère au film une texture organique et une sensation de profondeur. Le choix du format d’image 2.35:1, plus large que le format standard, permet également de créer une sensation d’espace et de grandeur, en particulier dans les plans larges de la planète Melancholia.


La photographie de Melancholia crée une esthétique visuelle unique qui renforce les messages du film. Les procédés photographiques utilisés sont innovants et efficaces, créant une expérience immersive et émotionnellement intense. Un exemple parfait de la façon dont la photographie peut transformer un film et le rendre mémorable.

2. THE LIGHTHOUSE
ROBERT EGGERS

Deuxième long-métrage de Robert Eggers, The Lighthouse est un film d’horreur psychologique étrange et magnétique qui doit beaucoup à sa photographie exceptionnelle. Le film est tourné en noir et blanc et présente une esthétique visuelle unique qui contribue grandement à la création d’une atmosphère inquiétante et claustrophobe.

Le directeur de la photographie, Jarin Blaschke, a utilisé une caméra de format 35 mm avec des optiques vintages pour créer un look granuleux et authentique, nous rappelant ainsi le cinéma des années 20/30. Cette technique de tournage renforce l’aspect rétro du film et crée une esthétique visuelle qui nous transporte immédiatement dans un monde à la fois ancien et étrange.

L’angle de prise de vue est également important dans la création de l’atmosphère du film. Les plans rapprochés et les gros plans sur les visages des personnages permettent de capter les expressions et les émotions de manière intense, à la manière d’un film de Chaplin ou tout passe par les regards et la gestuelle, tandis que les plans larges du phare et de l’océan créent un sentiment d’isolement et de solitude. Certains plans donnent l’impression que les personnages sont écrasés sous le poids du phare et de leur propre folie.

La photographie de The Lighthouse est également caractérisée par l’utilisation de la lumière et de l’obscurité. Les scènes sont souvent très sombres et le réalisateur joue avec la lumière pour créer des ombres qui renforcent la tension, déjà très palpable. La lumière du phare, qui balaie l’île toutes les quelques secondes, crée également une atmosphère de cyclicité et de tension croissante.

1. THE NEON DEMON
NICOLAS WINDING REFN

Nicolas Winding Refn est habitué à user de la photographie dans ses œuvres pour renforcer l’aspect contemplatif, qu’on lui reproche d’ailleurs très souvent. DriveOnly God Forgives, le réalisateur accorde une importance considérable à l’esthétique de ses films.

The Neon Demon, est un film hypnotique qui explore les dessous de l’industrie de la mode à Los Angeles. La photographie du film est d’une importance capitale pour la création de l’atmosphère narcotique et surréaliste qui le caractérise.

La directrice de la photographie, Natasha Braier, a utilisé une palette de couleurs vives et saturées pour créer une esthétique visuelle qui évoque l’éclat et l’excès de l’univers de la mode. Les néons éblouissants représentent l’aspect superficiel qu’on prête au monde de la mode et du luxe, tandis que les couleurs sombres et intenses suggèrent une face cachée à cet iceberg monumental.

Les plans sont également caractérisés par des compositions soigneusement réfléchies. Des plans souvent centrés et symétriques, créant une perfection très artificielle, en corrélation avec la représentation de la haute-couture. Cela est particulièrement frappant dans les scènes de défilé de mode, où les mannequins sont placés au centre de la composition, soulignant leur position de sujet à la fois désirable et objet de consommation.

La photographie de The Neon Demon est unique et à l’image de son réalisateur. Les choix des couleurs, des compositions et des éclairages de Natasha Braier renforcent le propos du film et le message véhiculé.

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